Le séisme qui a frappé l’est de la Méditerranée marque une crise humanitaire inédite. Si la Turquie, dont le sud est l’épicentre de ce séisme, a pu multiplier les efforts pour venir en aide aux villes sinistrées, la Syrie, un pays ravagé par la guerre civile, se trouve, elle, livrée à elle-même sous silence de la communauté internationale.
Les images sont vraiment douloureuses, des centaines de familles sont toujours portées disparues sous les décombres des constructions qui se sont effondrées sous l’effet de la puissance de ce séisme inédit dans la région. Jusqu’à la rédaction de ces lignes, la protection civile syrienne ne cesse de lancer les cris d’alerte pour au moins faire ressortir les dépouilles des personnes mortes, alors que l’espoir de retrouver, une semaine après, des survivants devient illusoire. C’est vraiment une crise humanitaire jamais vue de mémoire d’homme, alors que l’Organisation des nations unies est critiquée pour son inaction.
Si dès les premières heures de ce séisme, les offres d’aides à la Turquie parvenaient pratiquement de tous les pays, en Syrie la réalité est tout autre. A part quelques pays, dont notamment la Tunisie, la Russie, le Qatar, les Emirats arabes unis et l’Algérie, le pays n’a pas accédé à des aides pour limiter les dégâts humains très considérables.
En effet, la Tunisie était parmi les premiers pays à proposer son aide aux deux pays sinistrés. Les autorités ont d’ailleurs décidé de concentrer ces aides sur la Syrie qui a été ignorée par la communauté internationale sur fond de conflit politique avec le régime de Bachar Al-Assad.
Sauf que l’heure est à la rescousse d’une population en détresse. Car ce n’est que jeudi dernier, soit quatre jours après le drame, que le premier convoi d’aide a franchi les frontières turques en direction du nord syrien. Entretemps, de nombreuses personnes ont été tuées par le poids des décombres, mais surtout sous l’effet de l’absence d’aides, de fournitures et d’équipements indispensables pour sauver les survivants.
Deux poids, deux mesures
Il faut dire que non seulement ce deux poids deux mesures a considérablement fait augmenter le bilan humain en Syrie, la situation politique et sécuritaire n’y est pour rien. Il faut rappeler que le séisme a détruit de nombreuses zones, certaines sont sous le contrôle du régime syrien, d’autres aux mains de l’opposition. Si les zones sous le contrôle du gouvernement sont aidées par quelques pays étrangers après le séisme de lundi dernier, les régions de l’opposition n’ont quasiment rien reçu alors que les besoins sont immenses.
Alors que les Nations unies (ONU) affirment avoir envoyé 14 camions d’aide humanitaire dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, dans le cadre de l’aide transfrontalière, les autorités syriennes, comme l’opposition, ne cessent de réitérer leur besoin immense d’aides.
En tout cas, ces 14 camions transportant l’aide humanitaire de l’ONU sont passés, vendredi dernier, par la porte frontalière de Cilvegözü, dans le district de Reyhanli à Hatay dans le sud de la Türkiye, et sont entrés par la porte frontalière syrienne de Bab al Hawa à Idleb. Le matériel d’aide humanitaire contenu dans les camions dans le cadre de l’aide transfrontalière de l’ONU a été distribué aux Syriens dans le besoin, notamment à Idleb.
Mais sur le terrain la situation est catastrophique. D’ailleurs, la Protection civile syrienne affirme que des centaines de familles sont toujours sous les décombres de leurs domiciles, alors qu’elle est en sous-équipements.
Autant dire que l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie, après les séismes survenus lundi dernier, se heurte à de nombreux obstacles logistiques, politiques et géopolitiques, entre les difficultés à accéder aux zones sinistrées et l’embarras de composer avec le régime de Bachar Al-Assad. Ce dernier affirme qu’il a assuré toutes les conditions pour acheminer ces aides même dans les régions sous le contrôle de l’opposition.
«Ici, l’aspect politique existe, mais l’aspect humanitaire est inexistant pour l’Occident. La politisation de la situation est une chose normale, mais ils ne font preuve d’aucun sentiment humain», s’est désolé le président syrien Bachar Al-Assad.
Or, l’acheminement de cette aide humanitaire internationale est crucial, selon les ONG, notamment dans les zones rebelles où la situation était déjà dramatique. Avant même les séismes, le nord-ouest de la Syrie abritait, selon l’ONU, 2,9 millions de déplacés et 4 millions d’habitants ayant besoin d’une assistance hivernale.
Un bilan douloureux
Six jours après les violents séismes qui ont semé le chaos dans le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie, les secouristes sont toujours lancés dans un contre-la-montre pour retrouver des survivants. Le bilan de la catastrophe a dépassé les 28.000 morts hier dimanche, mais pourrait doubler selon l’ONU. Près de 26 millions de personnes pourraient avoir été touchées par les séismes dans cette région, où des dizaines d’établissements de santé ont été endommagés, avance l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un appel de fonds.
L’OMS appelle à une aide financière d’urgence de 42,8 millions de dollars pour répondre aux besoins sanitaires immédiats.